Quand on se promène dans le petit vallon du Meisenbach, on s'aperçoit qu'il y a beaucoup de carrières de grès, exploitées depuis l'antiquité jusqu'à la première guerre mondiale. On dénombre pas moins d'une quinzaine de fronts de tailles dans le secteur d'Erckartswiller- Sparsbach. Je ne suis pas venu ici pour compter les carrières mais pour trouver un rocher particulier. Il est souvent appelé "Rocher-tunnel". D'après les dires, cet endroit était utilisé pour célébrer des messes durant les années sombres de la Terreur, juste après la Révolution. Durant cette période, les membres du clergé était sévèrement pris en chasse. Mais certains prêtres, réfractaires, disaient quand même la messe dans les profondeurs des forêts, justement dans des endroits cachés comme celui-ci et bien à l'abri des regards indiscrets. Ce rocher-tunnel faisait lui aussi partie d'une carrière antique abandonnée. On voit encore les traces laissées par les outils des carriers. Un peu plus loin, il y a le rocher de l'autel, situé sur un sentier balisé de randonnée. On dit qu'il a été utilisé aux mêmes fins de culte mais très vite abandonné car bien trop visible !
Carte IGN : 3714 ET
Juste au-dessus de l'un de ces fronts de taille se trouve les vestiges d'une étrange ruine. Un panneau de Club Vosgien les nomme "Petit château du Meisenbach" ou encore "chapelle de Meisenbach". Le site a fait l'objet de plusieurs fouilles archéologiques. Des céramiques y ont été trouvées et ont pu être datées avec précision du second siècle après notre ère. L'architecture du bâtiment est de type "opus quadratum". Ses dimensions, la taille de l'appareillage (blocs de pierre), leur disposition, tous ces éléments permettent aux archéologues d'affirmer qu'il s'agit d'une tombe-temple. Ce monument a été érigé à l'époque romaine. Rien à voir avec une chapelle romane comme souvent on peut le lire sur internet puisqu'au IIème siècle, les Chrétiens n'ont de toute façon pas encore mis les pieds en Alsace !
La base du monument comporte une moulure en forme de tore. On voit les traces d'assemblage des blocs par goujon et crampons à l'intérieur de mortaises