Cachés dans la forêt, au pied du Grand Ballon, les vestiges de l'abbaye de Murbach se dressent au fond de la vallée de la Lauch, loin de la grande route. Le site a conservé son caractère de quiétude et de recueillement très éloigné des agitations du monde profane.
Joyaux de l'art roman alsacien, l'église Saint Léger est l'une des plus puissante abbaye de la haute vallée du Rhin. L'époque mérovingienne fût marquée par une floraison de monastères fondés par les grandes familles nobles.
Vers 727, le comte Eberhard fonda une abbaye sur ses terres, qu'il dota richement. De nombreuses donations augmentèrent ce patrimoine, faisant de Murbach la plus riche abbaye alsacienne avec Wissembourg. L'abbaye possède évidemment une relique de St Léger (la mâchoire inférieure), qui y est encore conservée.
Carte IGN : 3719 OT
L'abbaye vue par le monumental porche d'entrée.
La façade puissante et néanmoins harmonieuse de Murbach.
L'abbaye devint un enjeu politique important. La contrôler, c'est aussi contrôler une bonne partie de l'espace rhénan. A partir du XIIIème siècle, elle fût l'objet de convoitises entre les Habsbourg et les Ferrette.
La réforme protestante ne parvint pas à s'implanter. En 1524, quelques Guebwillerois suspectés d'hérésie avaient été brûlés vif. Cet exemple porta ses fruits : la population resta catholique.
En 1544, Charles Quint accorda à l'abbaye de battre monnaie.
Le tympan en bas relief du portail Sud : 2 lions affrontés.
Celui de droite, tire la langue pour mieux impressionner les visiteurs.
Sur ce chapiteau est sculpté un renard dévorant des raisins, image de l'hérétique venant dévaster la vigne du Seigneur.
Deux lions encadrant une colonne surmontée d'une tête humaine. Dans ces sculptures, il y a forcément un message adressé à quelques initiés. Aujourd'hui ces messages nous échappent complètement.
Le visiteur est observé sur toutes les faces de l'édifice.
Un vieillard barbu lève une coupe à côté d'un ange aux ailes déployées.
Serait-ce Gédéon offrant le sang du chevreau à Dieu ?
Cette représentation s'appelle la Confession
Toutes ces représentations et symboles sont difficilement déchiffrables et nombre de motifs resteront énigmatiques ! Que signifient par exemple ces dessins géométriques surmontant la tête du milieu ? Au Moyen-Age et surtout dans les édifices religieux, chaque détail architectural avait un sens voir un double sens.
Face arrière de l'église. Les contres-forts ont été ajoutés après la destruction de la nef.
Entre 1762 et 1785, l'abbaye devint un vaste chantier de démolition. La nef ainsi détruite servit de carrière et ses pierres fûrent réemployées dans diverses constructions. La Révolution y apporta le coup de grâce.
L'intérieur est relativement sobre par rapport à la façade si richement ornée. Murbach possède la voûte romane la plus haute d'Alsace. Tout au fond, on aperçoit le gisant du comte Eberhard.
Le gisant du comte Eberhard.
Pendant le raid hongrois de 926, des cavaliers pillards firent irruption en Alsace, saccagèrent l'abbaye et massacrèrent 7 moines au Mordfeld, près du Grand Ballon. Voici le tombeau abritant les reliques des 7 moines martyrisés.
Le retable dans le choeur de l'église.
En 1693, les moines battirent cette belle chapelle baroque, Notre Dame de Lorette, qui eu la chance de traverser les siècles sans dommages. Elle fût rénovée il y a une quinzaine d'année.
Le décor sculpté intérieur a heureusement survécu aux troubles de la Révolution. C'est un beau témoignage de l'art baroque Alsacien. Il faut vous rendre sur place, la réalité est bien plus belle que cette photo.
Ceci est une copie du cadran solaire original réalisé en 1714 par Constantin Mettler.
L'abbaye de Murbach vue de la chapelle.
In heremi vasta... (dans une vaste solitude...).
Le site abrite également un joli jardin médiéval contenant des plantes cultivées à l'époque.
En voici un exemple...
La statue de Saint Pirmin tenant dans ses mains l'abbaye qu'il fonda.