Grand soleil sur la plaine d'Alsace, ce dimanche après-midi. Je décide d'aller revisiter l'antique site gallo-romain du Wasserwald (alt 450m). Pour s'y rendre, il faut prendre la route de Stambach en venant de Saverne, à Stambach prendre à gauche, traverser la voie férrée puis prendre à droite la route forestière de Hultehouse. Arretez vous au 2ème parking à gauche (du 1er parking on arrive aux rochers d'escalade Laurenzo).
En suivant le chemin anneau rouge / anneau jaune on arrive sur le site en à peine 10 minutes.
Le Wasserwald est en parfait état de conservation malgré son âge et surtout malgré l'exploitation forestière à proximité.
Les populations celtes et gauloises se sont réfugiées sur les hauteurs des Vosges moyennes à l'arrivée de l'armée romaine, qui s'est emparée des terres fertiles de la plaine rhénane.
Carte IGN : 3715 OT
Lorsqu'on arrive sur les lieux, on tombe sur les vestiges d'une construction carrée designée sous "sanctuaire" par un panneau cloué sur un sapin.
Lorsque je suis venu ici pour la 1ère fois, il y avait des gens munis de pendules et de toutes sortes d'abaques, effectuant une batterie de mesures. Ils me disent que cet endroit précis est un haut lieux vibratoire oscillant entre 600 et 700 000 sur une échelle d'1 000 000.
Le lieux a des vertues spirituelles et réparatrices.
L'architecture de ces maisons très modestes consiste en un soubassement de pierres sèches, non taillées, et assemblées sans mortier. Ce soubassement est surmonté d'une structure en bois et torchis rudimentaire et recouvert d'un toit de chaume et plus rarement de tuiles. Quelques pierres portent les traces de logement d'une poutre. Les matériaux de construction sont fournis par le milieu local. On peut voir dans ces habitations l'ancêtres de nos maisons à colombages.
Les origines de ce village datent probablement du 4ème siècle avant J-C. Il fût certainement habité jusqu'au 5ème siècle. La vie était très rude et inconfortable. D'ailleurs quand je suis parti de chez moi, il faisait environ 9° et arrivé sur les hauteurs du Wasserwald, les températures étaient négatives.
Les hommes vivaient principalement de l'agriculture d'où ils devaient tirer de faibles rendements car ici la terre est très empierrée et pas très fertile. Ils cultivaient des céréales, des légumes, des lentilles et oignons mais aussi du lin et du chanvre pour la confection des vêtements.
D'après les relevés archéologiques cette construction triangulaire pourrait être un silo à grains.
Ils pratiquaient également l'élevage. C'est par ce chemin large, appelé "Viehweg" que le bétail allait vers les pâturages. Un mur de chaque côté empèchait la divagation des bêtes.
Le "Viehweg" était l'axe principale du village qui comptait quelques dizaine d'habitations semi dispersées.
Certaines fermes étaient composées de plusieurs bâtiments en enfilade et il fallait sortir d'un bâtiment pour pouvoir accéder à un autre.
Les habitants des sommets Vosgiens n'acceptaient que modérément la civilisation romaine et vivaient repliés sur eux mêmes en quasi autarcie et avaient donc peu de contact avec ceux de la plaine ou du plateau Lorrain. Toutefois, ils pratiquaient avec eux un peu de commerce du bois ou de pierres de leurs carrières.
Ces stèles-maisons sculptées ont été retrouvées au Wasserwald. Elles sont conservées au musée archéologique de Saverne.
On en trouve encore sur place, ce sont des monuments funéraires. A la date anniversaire de la mort du défunt, les villageois avaient coutume de venir leur apporter des vivres et manger près des sépultures.
Ils pratiquaient le culte des dieux et des morts, et croyaient à un monde de l'au delà et à l'immortalitée de l'âme. Ils enterraient avec leurs morts des outils et des armes.
Cette statue fût également retrouvée au Wasserwald. Mercure était bien sûr le dieu le plus vénéré, mais d'autres statues fûrent retrouvées (Bucius et Nerius).
Ce cavalier a l'anguipède est un classique de la culture des villages des sommets Vosgiens. Celui-ci aussi provient du Wasserwald (musée de Saverne).
La nature semble vouloir protéger ces pierres vieilles de 2 millénaires en enveloppant chacunes d'elles de mousse. Ces blocs conservent un peu la mémoire de ces hommes qui ont choisi de vivre péniblement mais libres.