Le métier de charbonnier a pratiquement disparu. Il n'y a plus guère que les noms comme "Kohlberg" ou "Kohlplatz" pour nous rappeler cette activité autrefois très florissante. Ils vivaient chichement un peu à l'écart des villages, en lisière des forêts, avec parfois toute leur famille dans des maisonnettes. Tels les ramoneurs, les charbonniers étaient mal aimés, toujours puants la fumée et noirs de suies !
Au Fleckenstein, une poignée de bénévoles fait revivre ce métier d'antan. Ils se font appeler "D'Kohlebranner vum Flackstaan". Le bois est bien sûr sélectionné dans les forêts du Fleckenstein, du hêtre de préférence. Fendues en quartiers, les bûches sont entassées dans le sens de la hauteur les unes serrées contre les autres. Puis, le tout est recouvert de mousses, d'herbe, de paille et de terre, pour une combustion lente et contrôlée. Une cheminée est aménagée, pour le tirage du premier jour. Dès les second jour, la meule atteind une température entre 200 et 300°C, la meule produit sa propre énergie, plus besoin de cheminée.
Un charbonnier vous dira qu'il ne faut jamais monter sur une meule sans pelle. Elle sert à se retenir au cas ou on est déséquilibré, ou à tasser et réduire le tirage. Le charbonnier vivait étroitement avec ses meules. Pour lui, dit-il, la meule n'est pas un vulgaire tas de bois. On s'engueule quand elle réagit mal, on échange, on se réconcilie quand ça va mieux ... Certaines sont dociles mais d'autres sont colériques et n'obéissent pas ! S'il y a un signe qui ne trompe pas, c'est la fumée bleue. Là, c'est vraiment mauvais signe car la température monte et la meule risque de partir en flamme. Dans ce cas, tout serait perdu ! Il faut alors agir vite, même au plus tard de la nuit.
Lorsque tout était terminé, le charbon mis dans les sacs et montés sur les charrettes, le charbonnier avait coutume de se coucher le soir venu, au centre de la meule. Pour faire corps avec elle. Pour le charbonnier, la meule est toujours là, chaude et vivante ...
J'ai photographié en mode "couleurs sélectives" pour faire ressortir le foulard rouge qui caractérise les charbonniers du Fleckenstein
Le métier de charbonnier est dangereux. Des poches de gaz se créent, surtout les premières heures après l'allumage
Il faut rajouter de la terre si le feu se propage ou, à l'inverse, élargir les ouvertures pour en améliorer la combustion
Autrefois, les charbonniers prenaient chaque matin une cuillerée de charbon moulu ... c'est bon pour l'appareil digestifs assuraient-ils !