Le massif du mont Ste Odile regorge de petits sentiers qui accueillent bon nombre de randonneurs-pélerins chaque année et en toute saison. Il est quasiment impossible de ne rencontrer personne ceci aussi en raison d'une grande densité de châteaux forts dans le secteur. Aujourd'hui nous ne nous intéresserons pas à une ruine (même si on ira quand même jeter un oeil au Landsberg, la vraie visite sera pour une autre fois) mais à un petit sentier, assez mal connu, qui se situe au Sud de la Bloss, pas très loin du crash de l'Airbus.
Le monde légendaire peut parfois proposer des aventures surprenantes dans les Vosges. Nous allons donc partir sur les traces d'un curieux animal qui n'a pourtant rien de Vosgien !
Itinéraire : sur la D109, en provenance de St Nabor juste avant l'embranchement Ste Odile/Barr, se trouve un petit parking où nous laisserons la voiture. Nous prenons le rectangle rouge vers le Landsberg où nous ferons tout de même quelques photos. Il faut compter un petit quart d'heure pour rejoindre la ruine.
Ensuite j'ai proposé à Hugo d'aller casser une graine à l'abri du petit Kiosque car la neige commençait à tomber. Puis, nous revenons sur nos pas, en suivant le sentier "triangle bleu" qui porte également le nom de Sentier des Chameaux.
Carte IGN :3716 ET
Nous voici au Landsberg où je ne résiste pas à prendre quelques clichés.
L'intérieur d'une tour avec ses corbeaux qui matérialisent les différents niveaux. Celle-ci est particulièrement bien conservée.
Plusieurs éviers en grès jonchent le sol. On sent bien qu'il y avait des femmes qui habitaient ce château. Il est d'ailleurs étonnant qu'ils n'aient pas été volés car un chemin carrossable conduit jusqu'à la ruine.
La ruine appatient au Baron de Turckheim. Au centre, en haut, on aperçoit l'abside de la chapelle. Nous avions prévu de déjeuner ici mais comme il n'y a aucun abri nous reprenons le chemin qui nous conduira au petit kiosque (photo au flash).
Ce sentier nous conduira d'abord au rocher Herrade de Landsberg.
Voici le rocher.
Herrade de Landsberg était abbesse au couvent de Hohenbourg (actuel couvent de Ste Odile). Herrade est l'auteur du manuscrit Hortus deliciarum (Jardin des Délices), écrit et illustré entre 1159 et 1175. C'est une sorte d'encyclopédie en proses latines, destinée à l'instruction des jeunes religieuses. L'original du manuscrit a été détruit dans un incendie lors des bombardements de Strasbourg en 1870.
Pas un bruit ne vient troubler le silence de la forêt de Barr sauf de temps à autre le cri strident d'un geai des chênes, comme pour alerter les habitants de la forêt de notre présence.
C'est la 1ère borne que nous rencontrons.
Elles sont toutes peintes en bleu. Celle-ci a la particularité d'être armoriée. C'est la borne n° 2, elles sont numérotées de 1 à 20. Seule la borne n° 15 est manquante.
Nous déjeunerons au petit kiosque construit en 2009 par le club Vosgien de Barr en remplacement de l'ancien kiosque "Hartmann" qui datait de 1874.
Notre repas du jour.
Rocher bizarre, éclaté par le gel, sans doute.
Le soleil fait quand même de brêves apparitions.
Il faut contourner la borne pour voir le chameau sculpté. La légende commença en l'an 803, au temps de Charlemagne : 3 (5 suivant les sources) chevaliers ont escorté à travers la France un chameau chargé de précieuses reliques confiées par Hugues Le-Peureux de Bourgogne. Il dit : "là où le chameau se couchera, là devront rester ces reliques".
Les reliques : un morceau de la vraie croix du Christ, un voile de la Vierge, un bras de St Denis, un bras de St Basile, le prépuce du Christ et un évangile richement orné, le tout enchassé dans une gigantesque croix constituée de plaques d'or et d'argent (celle que porte notre camélidé sur la borne).
La composition des reliques diffère d'une source à l'autre.
Un 2ème sentier après la borne n° 10, portant la date de 1779, se dirige sur Heiligenstein. Il n'y a pas de chameau sur celles-ci mais elles portent les numéros 47 à 1.
Après l'abandon de l'abbaye de Niedermunster au 16ème siècle (rappelons qu'elle a été pillée en 1525 lors de la guerre des Rustauds et a subit 2 incendies l'un en 1542 l'autre en 1572), c'est un administrateur qui était en charge de gèrer l'abbaye et ordonne le bornage de ce sentier d'où la date de 1778. Les bornes comportent également des lettres : ABGW correspondant aux initiales de cet administrateur.
Tiens un chameau albinos...
Au loin le Haut Andlau dresse ses 2 belles tours.
Ce graffiti là s'effacera au 1er coup de vent...
La seule borne retournée, face au sentier, dont le chameau a été peint couleur dorée.
Comme le montre les feuilles jaunies aux arbres, cette photo a été prise en automne.
Ce sont les ruines de la chapelle St Jacques construite par les chevaliers, à l'endroit précis où le chameau s'est couché. Au centre, ce rocher taillé rappelle le dos du chameau. Il a été décidé que les précieuses reliques seraient concervées à la proche abbaye de Niedermunster contribuant fortement à sa notoriété et attirant moult pélerins.
Après son abandon, l'abbaye servit longtemps de carrière pour différentes constructions, notamment, la fortification de Benfeld, la banque Taufflieb de Barr, le clocher de l'église d'Erstein ainsi que la grange située juste à côté. Les vestiges de Niedermunster ne sont malheureusement plus accessibles car elles comportent encore beaucoup de belles pierres taillées.