Le Bastberg souffre d'une bien mauvaise réputation. Jadis, à minuit, les sorcières de la région se rassemblaient au sommet de mont Sébastien. Elles mangeaient, dansaient et s'adonnaient à d'étanges rituels, allant même jusqu'aux plaisirs charnels qui se terminaient souvent en véritables orgies... Cette réputation perdure puisque les habitants de la région évitent toujours la colline après la tombée de la nuit.
Un soir, un pauvre instituteur, qui s'était attardé à une fête de village, passa près du Bastberg pour se rendre à Griesbach, le village voisin. Il vit des lumières au sommet de la colline et entendit des airs de danse. Piqué par la curiosité, il monta au sommet pour voir ce qui se passait... Et soudain, il se trouva au milieu des sorcières qui dansaient une ronde échevelée, la robe flottante, le visage déformé par des rires grimaçants.
Des tables étaient couvertes de mets succulents et de bouteilles des meilleurs vins. Les sorcières invitèrent l'instituteur à manger et à boire puis il dut prendre un violon et jouer un air de danse. Il n'osa pas refuser. Sans qu'il s'en rende compte, son jeu devenait toujours plus violent et plus rapide. Les mégères tournaient comme un tourbillon autour de lui et leurs rires retentissaient de plus en plus fort dans la nuit.
A l'aube, l'instituteur se réveilla; il était étendu sur un tas de pierres, les vêtements déchirés, la tête lourde et vide. Tous ses os lui faisaient affreusement mal. A ses pieds se trouvait le sabot d'un cheval. Au lieu de son violon, il tenait dans sa main la queue d'un gros chat noir qui le griffa et le mordit. Tout effrayé il le lâcha, la bête disparut dans les vignes en crachant. Quant à lui, il courut à en perdre le souffle jusqu'à Griesbach...