Le Wasigenstein est pour moi la ruine la plus emblématique des Vosges du Nord. A chaque fois que j'y viens, je suis émerveillé par l'architecture de la forteresse. Tout l'art du système défensif en vigueur au Moyen Age est exprimé en ces lieux. Comme souvent, un large fossé est creusé pour séparer le châteaux de la montagne. Un massif donjon pentagonal fait face à l'attaque et n'offre aucune prise aux blocs lancés par les pierrières. Les logis sont placés en enfilade derrière l'imposant donjon. Pour atteindre l'entrée du château, l'ennemi doit suivre le "chemin de défilement", qui l'expose constament aux tirs de la garnison.
L'assaillant porte souvent une lourde armure de protection. Arrivé au bas de l'escalier monumental taillé dans le roc, il doit gravir les marches une à une. Ces marches sont volontairement surdimensionnées afin de fatiguer et de ralentir l'ennemi dans sa progression. Ceux qui parviennent en haut de l'escalier sont si épuisés que les défenseurs n'ont plus de mal à les mettre hors combat...
Carte IGN : 3814 ET
Le vieux Wasigenstein a été érigé vers le milieu du XIIIème siècle et avait pour mission de contrôler la route impériale Kaiserlautern -Haguenau.
Le vieux château devient vite trop étroit pour les deux frères Seemann et Frédéric. Seemann et son fils Fritzmann bâtissent un nouveau château vers 1290. On comprend vite que les membres de la familles ne sont pas en bons termes car le nouveau château présente un épais donjon aveugle contre la vieille forteresse. Frédéric en profite pour érigé un mur bouclier défensif contre son frère... En 1299, l'affaire est portée devant les tribunaux et une paix castrale est signée entre les deux frères. Le document stipule que les murs du nouveau château seront moins hauts que ceux du vieux château afin de ne pas le menacer !
Ceci est une croix de partage. En 1463, pas moins de 11 copropriétaires signent entre eux une paix castrale.
Le fantastique escalier du vieux Wasigenstein est un bijou dans son genre. Avant d'en atteindre le sommet, l'ennemi devait d'abord venir à bout de grosses portes dont on voit encore le système de blocage. Les énormes marches deviennent ensuite monotrace. Cette disposition empêchait une montée de front de l'assaillant. Les défenseurs n'avaient donc à combattre qu'un seul homme à la fois.
Les deux châteaux sont en partie troglodytiques comme en témoigne cette salle portée par un pilier central entaillé d'une niche.
Les blocs à bossages du Nieder Wasigenstein sont en forme de miches à pain, forme courante à la fin du XIIIème siècle.
Au XIVème siècle, les copropriétaires se multiplient pour se partager les frais d'entretien très élevés. Parmi les nouveaux arrivants se trouvaient aussi des brigands comme Hennel Strauff de Landenberg ou le célèbre Jean Gentersberg de Bitche...
De nouvelles entrées sont aménagées car les différents copropriétaires n'aiment pas se croiser dans l'escalier !
Aux pieds du nouveau château se trouvent les vestiges d'un important système de levage afin de pouvoir monter les lourdes charges vers les parties supérieures.
Un ingénieux système de rigoles permettait de récupérer les eaux de ruissellement du rocher vers une citerne. Le trop plein s'écoulait vers un bac de rétention juste sous le donjon du vieux Wasigenstein.
On ne peut pas parler du Wasigenstein sans conter les exploits d'un certain Walther. Dans la chanson de geste appellée "Waltharielied", on parle de trésors cachés et de combats acharnés débutants au Maimont et dont la dernière bataille est livrée entre les deux châteaux. Walther finira par tuer les guerriers du roi de Worms mais, lui même blessé, sera soigné par sa bien-aimée, Hildegrund...