Avant de nous rassasier de galette à la Wachtfels, nous nous sommes mis en appétit en allant visiter la ruine du Froensbourg située sur le ban de Lembach. Un beau ciel bleu allait nous accompagner durant toute l'après-midi. Je laisse la voiture sur un parking à proximité de la D3 à 1,5 km de Niedersteinbach et nous suivrons le chemin forestier des Chênes Pédonculés (losange jaune) jusqu'à la ruine.
Carte IGN 3814 ET
Belle aire de pique-nique, mais c'est pas pour aujourd'hui.
Pendant la période hivernale, on a l'avantage de ne pas avoir la vue cachée par ce nuage de feuillage vert-tendre (n'est ce pas Martine ?). La forteresse du Froensbourg (alt 310 m) est un château semi-troglodytique typique des vosges du nord. Il est un petit peu le petit frère du Fleckenstein avec qui il a beaucoup de similitudes.
Mais d'abord un peu d'histoire.
En 1269, les Sires de Froensbourg sont attestés dans un 1er document, mais le castel devait exister déjà bien avant (vers 1235).
Les Sires de Froensbourg seraient directement issus de la puissante famille des Fleckenstein. La forteresse devenant trop étroite pour loger tout ce monde, ils eurent la permission de bâtir le Froensbourg. Les 2 familles se partagent d'ailleurs les mêmes armoiries.
En 1348, on compte 3 copropriétaires au château : les Froensbourg, les Loewenstein et les Sickingen. Aussitôt, ce dernier, Reinhart von Sickingen s'adonne à des actes de brigandages, rompant ainsi le traité de paix imposé par l'empereur : il enlève et emprisonne des commerçants et demande des rançons pour leur libération. Ce qui a le don d'agacer l'évèque de Strasbourg, Jean de Lichtenberg, qui le juge (en 1349) et le met à l'amende.
Pourtant Reinhart continu à molester les honnêtes gens. Du coup l'évèque, avec ses troupes armées, met le siège devant le château et le détruit.
En 1350, Louis de Froensbourg vend la moitié de ses droits au Landfrieden, et Reinhart un quart du château ruiné pour 1400 florins.
En 1389 Robert 1er le Vieux, conte Palatin charge Emerich et Siegfried de Loewenstein de réparer le château.
Mais au cours des années, le château se délabre, faute d'entretien. Il est remis, vers 1480, aux mains des Fleckenstein qui le remettront en état. Eux même ne resteront pas très longtemps car la forteresse a déjà perdu ses fonctions militaires. Le château est à nouveau abandonné et tombe lentement en ruine.
Le sort du Froensbourg sera définitivement scellé par l'arrivée des troupes Françaises en 1677, qui le font sauter à l'explosif. Et maintenant, la visite.
Le château est construit sur 2 rochers étroits d'environ 40m de haut. Ce nid d'aigle est le rocher Sud relié au grand rocher par une passerelle en bois.
Les 2 récents escaliers métalliques permettent d'accéder aux différents niveaux.
Comme son grand frère, le Fleckenstein, le Froensbourg est composé de plusieurs salles troglodytiques.
On voit ici un escalier taillé dans le roc suite au partage des lieux en 3 copropriétés.
Sur ce mur, un blason des Froensbourg a été sculpté. Sur la façade Ouest, on peut également admirer une tête de dragon sculptée. Ces 2 sculptures seraient d'époque.
Vu l'étroitesse du rocher, chaque volume en est utilisé en y taillant des salles et des escaliers.
Cette date (1481) gravée sur cette porte à arc brisé a été inscrite lors de la reconstruction du castel par les Fleckenstein. A l'époque médiévale, le chiffre 4 s'écrivait souvent en taillant un demi 8. (la moitié de 8 fait bien 4 !)
Le château est un vrai gruyère, le rocher est taillé jusqu'à l'extrème limite.
Vue sur le Fuchsberg (alt 387m) sous un beau ciel bleu.
Vue du côté Ouest cette fois-ci. Bien que le château soit rasé, le rocher est impressionnant. Les trous carrés sont des trous à boulins où logeaient jadis des chevrons de bois soutenant la charpente et le toit de bâtiments annexes.
On retrouve une grande salle troglodytique qui donne sur le puit. La porte en était fermée par une herse. L'extrémité Nord du rocher est séparée de la montagne par un important fossé artificiel, entièrement taillé dans le roc au burin.
De se côté du château, on voit les vestiges de l'escalier primitif, du temps où il n'y avait qu'un seul propriétaire. Cet escalier était lui aussi taillé dans le rocher et recouvert d'une structure en bois, mettant les utilisateurs à l'abri des intempéries. Par la suite, avec l'augmentation du nombre de propriétaires, d'autres escaliers ont dû être aménagés pour accéder aux différentes parties du castel. On veut bien être copropriétaire mais hors de question de se croiser dans l'escalier, le soir en rentrant d'une dure journée passée à brigander dans la région. C'est ainsi que s'achève cette visite, il fallait savoir patienter pour mériter cette galette. Les heures les plus délicieuses ne sont elles pas celles de l'attente ?