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1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 16:39

La seconde partie de cette boucle va me conduire à la ruine du Freudeneck qui est en restauration pour encore plusieurs années. Des bénévoles s'emploient à faire des fouilles car les températures basses ne permettent pas de faire des travaux de maçonnerie. A l'entrée du "chantier" j'aperçois un joli petit cochon en porcelaine et je m'empresse de chercher mon porte-monnaie dans mon sac à dos.

Après avoir introduit quelques pièces sonnantes et trébuchantes dans la tirelire prévue à cet effet, sous l'oeil du responsable de chantier, histoire de payer mon droit d'entrée: c'est toujours plus facile de négocier une visite guidée des lieux. J'ai eu droit à la totale : histoire complète du château, visite guidée, explication de l'architecture et des fouilles en cours, anécdotes qui ne sont pas écrites dans les livres d'Histoires et il m'a même montré tout ce qu'ils ont trouvé sur les lieux.

 

Carte IGN : 3715 OT 

 

 

HEIDENSCHLOSS 0084 (FILEminimizer)

En descendant du Rotfels vers le Pont des Dames.

 

   

HEIDENSCHLOSS 0087 (FILEminimizer)

"S'Madame Brueggel", ou Pont des Dames.

 

 

  

HEIDENSCHLOSS 0092 (FILEminimizer)

Cèpe décongelé.

 

  

 

HEIDENSCHLOSS 0103 (FILEminimizer)

Le Castel est construit sur l'extrémité Est du Schlossberg à 390m d'altitude. Sa forme compacte est assez surprenante. Il est entouré d'un profond fossé creusé dans le roc. Le donjon n'est pas habitable car trop étroit, il n'est que l'ultime refuge en cas d'attaque.

Les archives restent muettes quant à sa date de construction, mais d'après la taille des blocs et des marques de tacherons grâvées sur ceux-ci, le château semblerait avoir été édifié à la fin du XIIIème siècle. Face à l'attaque, le constructeur a élevé un fort mur bouclier en blocs à bossages soignés. Le donjon est incorporé dans la maçonnerie qui a de 3 à 5 mètres d'épaisseur. Les logis seigneuriaux sont à 3 niveaux.

En 1396, le château, en possession de Gauthier Von Dicka, est cédé à 2 frères, les chevaliers Guillaume et Jean Haffner Von Wasselnheim (Wasselonne). Début du XVème siècle, le château et ses terres sont partagés en plusieurs propriétaires.

En 1691, l'abbaye d'Andlau achète la ruine et les terres attenantes pour la somme de 1610 florins.

Hans Von Wilsberg Mit dem Bart (le barbu) commet plusieurs actes de brigandages contre des commerçants. Excédé par ces agissements, la ville de Strasbourg organise le 12 septembre 1408 une expédition punitive contre le Freudeneck. Ainsi 50 mercenaires, 24 arquebusiers, 60 artisans apportent du matériel de siège. Wilsberg se cache à Saverne, ayant eu vent des préparatifs. Il laisse le château aux mains de 2 soldats et 4 paysans. Y logeait aussi la veuve de Georg Haffner ainsi que ses 2 filles et quelques servantes. Après la réddition, plusieurs prisonniers enfermés au château furent délivrés. Les vainqueurs accordant le libre départ des défenseurs. Les mineurs firent sauter les bâtiments en creusant des sappes bourrées d'étoupes. Quand Wilsberg revint au château, de rage il fît pendre les 2 soldats, les paysans, eux, eurent le temps de prendre la fuite.

Une carte de Daniel Specklin de 1579 montre le château avec sa toiture.

Est-il de nouveau habitable à cette époque ?

Des traces de restauration et de réemploi des matériaux seraient en faveur d'une reconstruction.

Un bûcheron découvre en 1870, 2 pièces de monnaies romaines dont l'une, à l'effigie de l'empereur Maximin Hercule (285 -310), fût remise au musée de Saverne. L'autre, il la garda. Depuis ce temps là, on a supposé que le castel est été bâtit sur des fondations romaines mais il n'en est rien car les fouilles récentes ont démenti cette hypothèse. Le gars qui me fait la visite me raconte qu'ils ont trouvé des squelettes de chats intégrés dans les murailles, car les gens du Moyen-Age étaient très superstitieux. Ils faisaient cela pour éloigner le mauvais sort. D'après lui, les pièces romaines faisaient également parties de ce rituel, et il était de coutume d'introduire quelque chose "d'antique" dans la maçonnerie, afin de porter bonheur à ses occupants.

 

 

 

HEIDENSCHLOSS 0101 (FILEminimizer)

Chaque pierre est répertoriée.

 

 

 HEIDENSCHLOSS 0114 (FILEminimizer) 

 

 

  

 

HEIDENSCHLOSS 0120 (FILEminimizer) 

Tirelire pour les dons.

 

  

 

HEIDENSCHLOSS 0122 (FILEminimizer) 

A gauche ou à droite? carrefour enneigé.

 

 

  

HEIDENSCHLOSS 0125 (FILEminimizer)

M.F. Bischofslaeger (alt 443m).

 

  

 

HEIDENSCHLOSS 0127 (FILEminimizer)

Progression à travers les genêts.

 

  

 

HEIDENSCHLOSS 0130 (FILEminimizer)

Abri des 3 Forestiers (alt 426m).

 

 

  

HEIDENSCHLOSS 0132 (FILEminimizer) 

 

  

 

 

HEIDENSCHLOSS 0135 (FILEminimizer)

Gants oubliés par une randonneuse...

 

 

 

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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 20:04

Avant de nous rassasier de galette à la Wachtfels, nous nous sommes mis en appétit en allant visiter la ruine du Froensbourg située sur le ban de Lembach. Un beau ciel bleu allait nous accompagner durant toute l'après-midi. Je laisse la voiture sur un parking à proximité de la D3 à 1,5 km de Niedersteinbach et nous suivrons le chemin forestier des Chênes Pédonculés (losange jaune) jusqu'à la ruine.

 

Carte IGN 3814 ET

 

 

 

 

 

 

 Froensbourg 0953 

 Belle aire de pique-nique, mais c'est pas pour aujourd'hui.

 

 

 

 

 

 

Froensbourg 0961 

Pendant la période hivernale, on a l'avantage de ne pas avoir la vue cachée par ce nuage de feuillage vert-tendre  (n'est ce pas Martine ?). La forteresse du Froensbourg (alt 310 m) est un château semi-troglodytique typique des vosges du nord. Il est un petit peu le petit frère du Fleckenstein avec qui il a beaucoup de similitudes.

Mais d'abord un peu d'histoire.

En 1269, les Sires de Froensbourg sont attestés dans un 1er document, mais le castel devait exister déjà bien avant (vers 1235).

Les Sires de Froensbourg seraient directement issus de la puissante famille des Fleckenstein. La forteresse devenant trop étroite pour loger tout ce monde, ils eurent la permission de bâtir le Froensbourg. Les 2 familles se partagent d'ailleurs les mêmes armoiries.

En 1348, on compte 3 copropriétaires au château : les Froensbourg, les Loewenstein et les Sickingen. Aussitôt, ce dernier, Reinhart von Sickingen s'adonne à des actes de brigandages, rompant ainsi le traité de paix imposé par l'empereur : il enlève et emprisonne des commerçants et demande des rançons pour leur libération. Ce qui a le don d'agacer l'évèque de Strasbourg, Jean de Lichtenberg, qui le juge (en 1349) et le met à l'amende.

Pourtant Reinhart continu à molester les honnêtes gens. Du coup l'évèque, avec ses troupes armées, met le siège devant le château et le détruit.

En 1350, Louis de Froensbourg vend la moitié de ses droits au Landfrieden, et Reinhart un quart du château ruiné pour 1400 florins.

En 1389 Robert 1er le Vieux, conte Palatin charge Emerich et Siegfried de Loewenstein de réparer le château.

Mais au cours des années, le château se délabre, faute d'entretien. Il est remis, vers 1480, aux mains des Fleckenstein qui le remettront en état. Eux même ne resteront pas très longtemps car la forteresse a déjà perdu ses fonctions militaires. Le château est à nouveau abandonné et tombe lentement en ruine.

Le sort du Froensbourg sera définitivement scellé par l'arrivée des troupes Françaises en 1677, qui le font sauter à l'explosif. Et maintenant, la visite.

 

 

 

 

 

Froensbourg 0969  Le château est construit sur 2 rochers étroits d'environ 40m de haut. Ce nid d'aigle est le rocher Sud relié au grand rocher par une passerelle en bois.

 

 

 

 

 

     

 Froensbourg 0974

Les 2 récents escaliers métalliques permettent d'accéder aux différents niveaux.

 

 

 

 

 

 DSCN0374

Comme son grand frère, le Fleckenstein, le Froensbourg est composé de plusieurs salles troglodytiques.

 

 

 

 

 

 DSCN0376

On voit ici  un escalier taillé dans le roc suite au partage des lieux en 3 copropriétés.

 

 

 

 

 Froensbourg 0989

Sur ce mur, un blason des Froensbourg a été sculpté. Sur la façade Ouest, on peut également admirer une tête de dragon sculptée. Ces 2 sculptures seraient d'époque.

 

 

 

 

 

 Froensbourg 1012

Vu l'étroitesse du rocher, chaque volume en est utilisé en y taillant des salles et des escaliers.

 

 

 

 

    DSCN0396

 

 

 

 

 

     

 Froensbourg 0998

Cette date (1481) gravée sur cette porte à arc brisé a été inscrite lors de la reconstruction  du castel par les Fleckenstein. A l'époque médiévale, le chiffre 4 s'écrivait souvent en taillant un demi 8. (la moitié de 8 fait bien 4 !)

 

 

 

 

 

 

 Froensbourg 0993

           Le château est un vrai gruyère, le rocher est taillé jusqu'à l'extrème limite.

 

 

 

 

  Froensbourg 0995 

  Vue sur le Fuchsberg (alt 387m) sous un beau ciel bleu.

 

 

 

 

DSCN0408

Vue du côté Ouest cette fois-ci. Bien que le château soit rasé, le rocher est impressionnant. Les trous carrés sont des trous à boulins où logeaient jadis des chevrons de bois soutenant la charpente et le toit de bâtiments annexes.

 

 

 

 

 

 Froensbourg 1026

On retrouve une grande salle troglodytique qui donne sur le puit. La porte en était fermée par une herse. L'extrémité Nord du rocher est séparée de la montagne par un important fossé artificiel, entièrement taillé dans le roc au burin.

 

 

 

 

 

 Froensbourg 1046

De se côté du château, on voit les vestiges de l'escalier primitif, du temps où il n'y avait qu'un seul propriétaire. Cet escalier était lui aussi taillé dans le rocher et recouvert d'une structure en bois, mettant les utilisateurs à l'abri des intempéries. Par la suite, avec l'augmentation du nombre de propriétaires, d'autres escaliers ont dû être aménagés pour accéder aux différentes parties du castel. On veut bien être copropriétaire mais hors de question de se croiser dans l'escalier, le soir en rentrant d'une dure journée passée à brigander dans la région. C'est ainsi que s'achève cette visite, il fallait savoir patienter pour mériter cette galette. Les heures les plus délicieuses ne sont elles pas celles de l'attente ?

  

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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 13:34

C'est une belle journée ensoleillée de janvier qui me donne envie d'aller redécouvrir quelques châteaux des Vosges du Nord. Je trouve que la période hivernale est la plus adaptée à la visite des ruines pour la simple raison que la végétation ne cache pas une partie de ces vieilles pierres.

Je me gare au parking du col de l'Ungerthal (alt 436m) pour rejoindre le château par le rectangle rouge, en passant par la tour panoramique du Wasenkoepfel (alt 522m).

Quelques pierres à cupules sont également visibles sur le sentier, en passant par le rond bleu, et également une étrange rigole courbe taillée dans le grès, dont la signification m'échappe complètement.

 

Carte IGN 3714 ET

 

 

 

Wasenbourg 0944

Le col de l'Ungerthal est le point de départ de cette ballade d'un peu plus de 3 heures, visite des monuments et pause repas comprises.

 

 

   

Wasenbourg 0826

On rencontre plusieurs clairières comme celle-ci dans la belle forêt de Niederbronn où il n'est pas rare de pouvoir observer des biches venant brouter à la première lueur du jour.

 

 

 

    Wasenbourg 0936A part la cime des arbres, on ne peut malheureusement plus voir grand chose du haut de la tour du Wasenkoepfel.

Sur cette tour est apposée une plaque métallique où est inscrit un texte poétique en allemand de Auguste Stoeber d'Oberbronn :

 

Hier schaut' ich mit heiteren Blieken,

Mit herzinnigem Entzücken

In das schoene Land am Rhein,

In mein schoenes Alsaland hinein.

 

 

       

Wasenbourg 0856

Sur le sommet du Reisberg (alt 433m) qui domine Niederbronn, les Romains avaient déjà édifié 2 temples dédiés à Teutatès puis à Mercure environnés de nombreuses sépultures.

Les vestiges des temples ont été murés contre le rocher du Wachtfels.

Les Romains sont présents dans ce secteur depuis -30 jusqu'à vers l'an 400.

Une inscription latine est gravée dans le linteau, sa traduction est inscrite sur un panneau explicatif à proximité du rocher.

 

 

   

 Wasenbourg 0843

Ce château fort a quelque chose de particulier : il ne possède pas de donjon. C'est un énorme mur-bouclier de 4 mètres d'épaisseur et 18 mètres de haut qui remplit se rôle défensif et refléte bien l'art militaire médiéval de fin du 13ème siècle. Il est unique en Alsace.

Le sommet du mur portait des hourds en encorbellement d'où l'on tirait sur les assaillants.

 

   

 

    Wasenbourg 0841

  Cette façade est percée de 3 ouvertures : en haut à gauche se trouve une belle fenêtre à arc brisé avec oculus. les 2 autres ouvertures sont des latrines en encorbellement, une par étage du logis, c'est le comble du luxe pour l'époque.

 

 

   

 Wasenbourg 0851

Les origines du château demeurent obscures. Il connait plusieurs propriétaires au cours de son histoire. Il est malmené et pillé en 1525 durant la Guerre des Rustauds et reconstruit en 1535 par Jacques de Deux-Ponts-Bitche.

Sur cette photo on voit clairement le contraste entre les belles pierres à bossages (à droite) d'origine du 13ème siècle et celles, lisses, (à gauche) après sa reconstruction au 16ème siècle.

 

 

   

 DSCN0295 

Le puissant mur-bouclier protège le somptueux et confortable palace du seigneur construit sur 2 niveaux en longeant parfaitement le rocher qui lui sert d'assise. Le 1er niveau est éclairé par de belles et grandes fenêtres à banquettes à arc brisé. Au dessus de la porte d'entrée est fixée une plaque rappelant le passage de Goethe en 1770.

 

 

   

Wasenbourg 0880

L'intérieur du logis est très bien éclairé par les nombreuses fenêtres. On voit les vestiges de la monumentale cheminée qui chauffait les 2 niveaux. Un conduit plus étroit en haut était taillé dans la maçonnerie, utilisé cette fois dans la partie cuisine du batiment.

Le joyaux de la Wasenbourg est évidemment cette gigantesque baie ogivale à 9 lancettes et ornée de 7 oculus. Les nombres sont bien sûr tout un symbole au Moyen-Age . Cette fenêtre a été restaurée au tout début du 20ème siècle.

 

   

  Wasenbourg 0876

Une élégante frise orne ce mur. L'appareillage (les blocs de pierres) est très soigné.

On voit que c'est le travail d'ouvriers hautement spécialisés.

A l'étage, tous les blocs sont dotés d'un trou. C'est un trou de levage pratiqué par le tailleur de pierres pour permettre d'utilisation d'une pince auto-serrante. Cette pince a l'aspect d'une grosse tenaille en forme de 8 pour les plus courantes mais il en existait d'autre.

 

 

 

    Wasenbourg 0898

 

La construction soignée réserve une autre surprise : de nombreuses pierres portent des marques de tâcherons, sorte de signature de l'ouvrier. En principe, chaque ouvrier avait sa "marque de fabrique" et gardait la même d'un chantier à l'autre. Cette marque facilitait aussi le paiement des ouvriers. Donc ce qui est surprenant ici, c'est qu'on trouve les mêmes marques de tâcherons à la cathédrale de Strasbourg. On peut donc supposer que les bâtisseurs de la cathédrale sont aussi ceux de la Wasenbourg. Ce qui amène à dire que c'est l'évèque, Jean de Lichtenberg, qui aux environs de 1260 serait le commanditaire du château.

 

 

 

   

Wasenbourg 0903

La belle fenêtre à oculus et à banquettes nous est parvenue intacte. On voit bien ici l'épaisseur du mur alliant robustesse et élégance.

 

     

Wasenbourg 0877 

Sur le mûr où se trouve la porte d'entrée, il y a une tête sculptée. La légende dit que c'est le portrait de l'architecte. La coiffe est celle du XIIIème siècle, portée par les artisans.

 

 

  Wasenbourg 0917

 Autre curiosité, cet oriel dont l'usage n'est pas certain. Il aurait pu servir d'abside à la chapelle castrale, comme celui du Landsberg.

 

 

   

Wasenbourg 0834 

Sur le chemin du retour, on tombe sur cette rigole taillée dans le rocher. Qui sait quand, par qui et pourquoi elle a été taillée ?

Bien des mystères se cachent au fond  de nos forêts et c'est bien cela qui contribuent à leurs charmes.

 

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