Que cet endroit est calme et paisible ! Ces magnifiques prairies d'altitude n'inspirent que la sérénité et la méditation. Les chaumes sont brûlées par le soleil et les insectes bourdonnent dans une danse qui ne prend fin qu'à la tombée de la nuit. C'est pourtant ici, à la croisée des chemins, que se déroulèrent les actes de cruauté les plus terribles au Moyen Age. Le col entre Waldersbach et Wildersbach était appelé "la Berrhoe". De nos jours on écrirait la Perheux. On compte pas moins de 12 sentiers qui se croisent près du grand arbre.
Pour se distraire, on raconte que ce grand pré pelé est un lieu de sabbat pour les sorcières des environs et qu'on peut les voir danser, pour peu qu'on ait le courage de monter là-haut par une nuit de pleine lune. Lina, une habitante de Bellefosse, était curieuse, comme le sont au demeurant la plupart des femmes. Il suffirait, se dit-elle, de creuser un trou et de s'y cacher pour observer leur ronde satanique. Elle raconta qu'en songe, elle avait eu la révélation d'un trésor enfoui sur les flancs du mont St Jean. Elle réussit sans mal à convaincre deux hommes de son village qui, dès la nuit tombée, la suivirent là-haut, armés de pelles et de pioches. Lina leur désigna l'endroit et ils se mirent à creuser. Bientôt, sous la pioche, la roche résonne comme à l'annonce d'une cavité. Les deux hommes redoublèrent d'ardeur. Mais voilà que le bruit enfle, la terre semble gémir et se tordre. Nos deux nigauds ont quelques sueurs froides mais ils creusent de plus belle. Soudain le pelle crisse sur un corps dur et des cris affreux jaillissent du fond du trou. Si fort que Lina perd tout courage et se met à dévaler la pente. Horreur ! Des pas précipités retentissent derrière elle faisant rouler les cailloux du chemin. A coup sûr les sorcières ou les méchants démons qui se sont lancés à ses trousses ! Ce sont tout simplement nos deux chercheurs de trésors qui ont lâché leurs pelles et leurs pioches et qui, terrorisés, courent à perdre haleine, sans s'arrêter, jusqu'à Waldersbach. Aucun des trois n'est jamais remonté là-haut en pleine nuit. Ni pour voir les sorcières ni pour chercher un trésor ...
Carte IGN : 3716 ET
Itinéraire : Solbach - col de la Perheux - mont St Jean - les Hauts des Monts - plateau du Champ du Feu - rocher de la princesse Emma - La Rochette - Belmont - col de la Perheux - FA de la Perheux - Solbach. Env. 18 km
Vue sur Solbach, le départ de cette belle randonnée
On aperçoit le massif du Donon depuis le sommet du mont St Jean
Le mont St Jean et le col de la Perheux
Forêt domaniale du Champ du Feu
La tour panoramique du Champ du Feu
Grillades et crumble aux pommes
Le rocher de la princesse Emma
En descendant vers La Rochette
Pas moins de 61 personnes ont perdu la vie au bûcher de la Perheux au Moyen Age. 90% étaient des femmes. Les archives indiquent qu'une majorité de victimes a été brûlée entre 1619 et 1623, pour acte de sorcellerie . Voici quelques noms :
Banzet Catharina, veuve de Nicolas Banzet, brûlée vive
Bernard Jean, dit Buntz Hans, brûlé en 1620
Binschi Martha, brûlée après avoir été étranglée
Claudon Marie, Brûlée en 1613
Cleen Anna, brûlée après avoir subit la question
Didière, femme de Didier Le Moictrier, brûlée en 1620
Dimanche André et Catherine, brûlés en 1621
Gult Barbara, brûlée après avoir été tenaillée tous les cent pas
Hansen Elisabeth, brûlée après avoir été décapitée en 1620
Jandon Valentine, brûlée après avoir été tenaillée au fer rouge
Legrimpe Mougeotte, brûlée vive en 1623
Michel Claude, berger de Bellefosse, brûlé après avoir été décapité
Müschler Barbe, brûlée après avoir été noyée
La ferme-auberge de la Perheux
Pour finir cette agréable balade, je remonte une dernière fois au mont St Jean
On vous dit que c'est fini !